02/09/2014

Immersion chez les "hommes-fleurs"

Le charme principal d'un Voyage à Durée Indéterminée est la place pour l'improvisation. Une semaine après avoir découvert l'existence des Mentawaïs, nous avons revêtu le pagne traditionnel ou la jupe en feuille de bananier sur l'île Siberut.


Photos
A Padang, départ des ferries pour Siberut, nous avons trouvé un guide mentawaï via notre auberge, Matheus. Après une nuit sur un ferry, une heure de pirogue et deux heures de marche sur des rondins dans la boue, nous avons fait connaissance avec nos premiers hôtes : Amantiru, sa femme Baïtiru et leurs enfants Alex et Elau.

Leur maison traditionnelle est en bois sur pilotis avec un toit en feuilles de palmiers. Les cochons qui pataugent dans la boue autour et sous la maison, les canards et les poules créent une atmosphère visuelle et sonore singulière. Le tout se situe à proximité d'un ruisseau, l'eau étant utilisée pour se désaltérer (après avoir bouilli), cuisiner, se laver, faire la vaisselle et la lessive.

Nous avons partagé le quotidien de cette famille pendant 2 jours et demi. Chez les Mentawaïs, les tâches quotidiennes ne sont pas nombreuses mais le temps à discuter, rire, fumer avec les amis et jouer avec les enfants est important.

Les principales activités consistent à couper le sagoutier (palmier cultivé par les Mentawaïs), ramener les tronçons puis préparer le sagou (fécule extraite du sagoutier) pour nourrir la famille, les animaux et toutes personnes de passage. La nourriture est partagée librement.
 Les femmes pêchent à l'épuisette dans les ruisseaux des grenouilles, des crevettes et des petits poissons. Elles revêtissent alors une jupe en feuille de bananier pour ne pas effrayer les poissons tout comme Anaïs qui a participé à cette activité (sans rien rapporter d'ailleurs !).
J'ai participé à la confection d'un pagne, la seule pièce de tissu que portent les hommes. Il s'agit en réalité d'une fine lamelle d'un bois fibreux qui est battue pour l'étirer. Sa couleur est caractéristique du statut de l'homme (enfant, apprenti ou chaman).

Après cette première étape, nous avons rejoint en 4 heures de marche une Uma, grande maison utilisée notamment pour les célébrations. Nous avons passé là-bas 2 jours chez un vieux chaman très attachant, Bai ko. Nous l'avons accompagné couper du sagou et regarder faire du poison et en enduire ses flèches. Les Mentawaïs chassent à l'arc ou à la lance, des singes, des cerfs et des cochons sauvages. Ils accomplissent auparavant des rituels pour demander l'aide des esprits de la nature. Leur religion animiste s'appelle Arat Sabulungan.

Les veillées font partie des meilleurs souvenirs. Nous avons par exemple, pour expliquer à Bai ko les animaux que nous mangions chez nous, tenté de mimer le canard, le poulpe et l'escargot. Le soir suivant, ils nous ont demandé de chanter. La danse des canards dont la chorégraphie était menée par Anaïs était leur préférée.

Nous avons passé la dernière nuit dans un village gouvernemental où vit aujourd'hui l'écrasante majorité des Mentawaïs. Comme la plupart des cultures tribales, la survie de ce mode de vie ancestral est malheureusement estimée à une dizaine d'années.

Cette expérience était des plus fortes même si nous sentons que cet univers serait difficile pour nous. Anaïs a mis à l'eau Baïtiru qui l'aidait à traverser une rivière sur un rondin glissant et j'ai échappé la seule écrevisse qu'avait attrapée Baïtiru à la pêche.

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